+33 (0)9.81.07.86.22 | +33 (0)6.10.25.55.00 aborigenefr@gmail.com

Eubena Nampitjin

Collections:

  • National Gallery of Australia, Canberra.
  • National Gallery of Victoria, Melbourne.
  • Art Gallery of New South Wales, Sydney.
  • Holmes une collection Cour, Perth.
  • Lévi-Kaplan Collection, Seattle, Etats-Unis.
  • La Fondation Kelton, Santa Monica, Etats-Unis.
  • Artbank, Sydney
  • Western Mining Corporation Collection.
  • Williams Collection.
  • Thomas Vroom Collection, Amsterdam.
  • Ken Thompson et Pierre Marecaux Collection.
  • Collection Philippson, Belgique.

Prix:

  • 1998, finaliste au 15e Telstra NATSIAA
  • 2001, finaliste au 18e Telstra NATSIAA

Œuvres

Biographie

Eubena est aujourd’hui incontestablement l’une des grandes figures de l’art aborigène.

Sa peinture, très marquée, puise dans son histoire personnelle si riche, dans ses expériences si marquantes comme ceux qui accompagnent l’arrivée des blancs dans le Kimberley (Eubena les prendra pour des fantômes au départ).

Fière de sa culture, matriarche au caractère affirmé, très curieuse depuis sa plus tendre enfance, elle met ses connaissances profondes que lui confère son âge – près de 90 ans – au service de son art.

Eubena est née le 1 Juillet 1921 décédée le 11 Mars 2013), sa première langue est le Kukatja. Son père, Tatali, avait 4 femmes et Eubena se souvient qu’il voulait voler les femmes d’autres hommes. Sa mère, Mukata est morte alors qu’elle est encore qu’une enfant. Il est dit qu’elle est morte suite aux pratiques magiques d’initiés Wangkajungka qui auraient chanté les étoiles pour les faire tomber et toucher sa mère…

C’est que la magie marque la vie de Eubena. Kinyu, l’Ancêtre Dingo est une présence constante, bénéfique et puissante durant la vie de Eubena.

Cet Ancêtre est associé au site de Kunawarritji dans le Great Sandy Desert. Voici un exemple de cette relation privilégiée entre Kinyu et le groupe familiale de Eubena : avant de partir en quête de nourriture, les femmes plongent leurs bâtons à fouir dans le sable de la dune où l’essence spirituelle de Kinyu est présente, afin de s’assurer une collecte fructueuse.

une des deux responsables de Kinyu Eubena et est gradiennes des sites où son esprit réside.

Après le décès de sa mère, Eubena est élevée par ses sœurs et les autres membres de la famille.

Malheureusement ses deux sœurs vont-elles aussi mourir rapidement : l’une d’un coup de lance pour avoir accéder à un site sacré masculin, l’autre par magie pour avoir braver un tabou semble –t-il.

Elle se rapproche alors de trois autres filles de son âge qui resteront des amies très fidèles : Nora Wompi, Rosie Naatju et Nora Nganapa, l’autre responsable des sites associés à Kinyu.

Puis vient le temps des blancs qui arrivent dans le Kimberley. Ils tentent d’amadouer les Aborigènes en leur offrant des vêtements, du tabac ou de la farine en échange d’aide et d’informations dont ils ont besoin pour faire traverser ces terres au bétail. … et le temps du mariage.

Son mari est Purungutjakata Tjapaltjarri Gimme, un Wangkajungka. Période difficile, Eubena se trouve trop jeune – elle est alors une jeune adolescente et fuit à la nuit tombée le campement de son mari pour rejoindre sa famille…qui la ramène alors à son mari. Ils auront 3 filles avant de s’installer dans une ferme.

Un autre épisode douloureux de sa vie se déroule alors. Elle accouche d’une autre fille mais dont le père est un blanc, un gardien de troupeau.

Son enfant lui est alors enlevé de force pour être confié probablement à une institution lointaine : c’est ce qu’on nomme en Australie la « génération volée », les enfants métis sont ainsi éloignés le plus possible pour détruire peu à peu la culture aborigène. Elle ne reverra jamais sa fille bien qu’elle ait entreprit beaucoup plus tard des démarches pour la retrouver.

Après un séjour dans une autre ferme, sa famille rejoint la mission catholique de Balgo en 1955 – notamment pour fuir ce gardien de troupeau blanc. Eubena travaille pour les religieuses, gardant les moutons et développant une relation de confiance avec les missionnaires.

Elle met au monde le quatrième puis le cinquième enfant de Gimme, toutes des filles !! Elle participe aussi à l’élaboration d’un dictionnaire Kukatja dans les années 1960.

En 1979, Gimme meurt et quelques années plus tard Eubena se remarie avec Wimmitji Tjapangati. Une union qui va avoir son importance quand elle va se mettre à peindre. Wimmitji fait partie des premiers artistes à s’y mettre au début des années 1980. Eubena attends encore quelques années avant de se lancer à son tour en 1986.

“I like painting from my heart. My uncle gave me maparn (traditional healing powers) and I have that strong spirit.

I like to do paintings, big ones, to keep my spirit strong.” Cette force qui habite Eubena est visible, palpable dans ses peintures. Il émane de ses œuvres un force qui semble vouloir jaillir de la toile comme les Ancêtres ont ainsi façonné la terre.

Elle termine ses œuvres en rajoutant des détails qui sont autant de rappels aux sites sacrés, marqués de l’empreinte des Ancêtres ou réminiscence des peintures corporelles qui couvrent le haut des corps des femmes lors des cérémonies.

Les premières toiles de Eubena sont assez classiques, quoique déjà dominées par les couleurs chaudes qui feront le succès et la particularité des artistes de Balgo.

Les points sont bien marqués (les hommes ont donné l’autorisation aux femmes de les utiliser – ce sont des motifs masculins. Les femmes ont plutôt des petites lignes en courbe) et l’énergie déjà présente.

Vers 1990 Wimmitji, qui peint souvent directement au doigt, mixe les couleurs et utilise des rehauts de blanc déposés en points irréguliers. Cette technique influence Eubena qui collabore de plus en plus au travail de Wimmitji dont la vue s’affaiblie.

Dans les années 2000, la brosse remplace le bâtonnet, la toile ressemble plus alors à une sculpture tant la surface paraît retravaillé avec de grands sursauts, de grands rythmes souterrains semblent jaillir des gestes vigoureux de Eubena.

C’est une période d’intense recherches pour les artistes, sous l’impulsion du « coordinateur artistique » de la coopérative, Michael Rae. Ainsi Lucy Yukenbarri met au point sa technique du Kinti Kinti que l’on retrouve déjà en partie chez les femmes Pintupi du Désert Occidental.

Les points sont si serrés qu’ils se touchent et viennent former un aplat riche en matière. La palette s’éclaircit, aux oranges, rouges et jaunes / ocres viennent s’ajouter le rose.

Evocation spirituelle du Temps du Rêve, du pouvoir de guérison et de vie, rythmes des femmes dansant en pas chaloupés tennat les « dancing boards » entre leurs mains, connaissances au combien profondes du bush, des sites sacrés et de leurs connexions, la peinture de Eubena est tout ça et bien plus.

Elle est aussi peinture contemporaine, pont entre deux cultures. Peinture rayonnante, solaire qui ressemble à Eubena ; femme que tout le monde s’accorde à juger comme charismatique et d’une grande ouverture.